Covid-19 France : La saga des masques

La saga des masques se poursuit, la France est-elle « maudite » ou y-a-t-il eu des accords politico-financiers en coulisses qui ont freiné leur mise en vente libre ?

3 mai 2020 à 23h10 par Samia Chiki

Le besoin en masque se chiffre par plusieurs millions d'exemplaires par semaine

Crédit : DR

Malchance ou concours de circonstances


Ce samedi matin, un incendie  s’est déclaré dans un entrepôt de 7000 mètres carrés à Bobigny, un hangar stockant des masques chirurgicaux, la piste criminelle n’est pour le moment pas écartée.


Un coup dur encore une fois pour les masques en France…entre cargaisons prises par sur le tarmac au pays le plus offrant, livraisons de masques périmés aux soignants, masques importés défectueux, l’histoire semble ne pas s’arrêter là.


 Le 28 avril au matin David Alapini,  président du Conseil de l'ordre des pharmaciens des Hauts-de-France s’exprimait sur France Bleu :


« Nous espérons que les prix n’iront pas au-delà de 10 euros pour les catégories 1 et sans doute entre 5 et 10 euros pour les catégories 2. (...) les masques sont conçus pour être portés environ 4h. Donc au-delà, le cahier des charges ne prévoit pas qu’il soit encore efficace. Il faut donc en avoir au moins trois pour tenir toute la journée. »


Mais jeudi matin quelques heures après l’allocution du Premier Ministre, on apprend la mise en vente de centaines de millions de masques destinés au grand public par les grandes enseignes,  Mr Alapini ne cache pas sa colère,« on est écœurés ».


Le « Buisness » des masques en France


La secrétaire d'État à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé sur RTL le plafonnement « des masques en papier à usage unique de type chirurgical » (un plafond 0,95€), pour les masques en tissu réutilisable ce ne sera pas le cas. Pour ces derniers, le Ministère de l’économie invoque la nécessité de ne pas freiner l’innovation « un masque peut avoir différentes caractéristiques, qu'il s'agisse du nombre d'utilisations, de marques éventuellement ».


De son côté, le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, indiquait à BFMTV que le prix de vente serait "inférieur à 60 centimes d'euro pour les masques chirurgicaux (jetables) et de 1 à 3 euros pour les masques en textile, en fonction de leur gamme.


Des tarifs bien plus élevés qui ne l’étaient avant la crise sanitaire, quant à l’Etat il n’envisage pas de distribution gratuite hormis à ses fonctionnaires et au personnel de santé.


Face à ces géants de la grande distribution, les pharmaciens ont le sentiment d’avoir été trahis. Le 13 avril un pharmacien, Bruno Fellous affirmait sur un plateau TV que les officines n’avaient ni le droit de vendre ou d’acheter des masques et regrettait que les pharmaciens soient mis de côté durant cette crise alors qu’ils pouvaient se fournir (décret du 3 mars). Les pharmaciens ne décolèrent pas et ne comprennent pas de quelles manières des millions de masques vont inonder le marché de la grande distribution dès ce lundi 4 mai, quelques jours après l’annonce officielle faite par le Premier Ministre Edouard Philippe.


Importation des masques   


Une société transitaire, organisatrice de transports, commissionnaire en douane, et agent maritime, nous apporte des éclaircissements sur les importations : « Hors crise, le masque chirurgical se négociait autour de 60 centimes l’unité et le masque FFP2 entre 1,50 et 2 euros HT hors transport. Ces prix évoluent !Les conditions de règlement actuellement constatées en Chine sont : 50% à la commande, 50% avant le départ + prix du transport cash avant départ. Une commande du 1er avril est annoncée au départ le 9 Avril. »


Ces conditions de règlement drastiques et nécessitant des liquidités importantes ont empêché certaines PME de se fournir plus facilement en Chine.


La réquisition par l’Etat a été progressivement allégée pour faciliter l’import.


Le 13 mars 2020 par décret 2020-247, l’Etat français avait réquisitionné tous les stocks de masques afin d’en assurer un accès prioritaire aux professionnels de santé et aux patients. L’export ou l’expédition de ces masques UE ou Hors UE était par ailleurs interdit.


Une semaine plus tard le 20 mars, l’Etat revenait sur ces mesures dans un nouveau décrêt 2020-281. La réquisition ne porte que sur les stocks existant et sur la production française de masques chirurgicaux (au sens de la norme EN 14683) et de masques de protection respiratoire de type FFP2/FFP3. Leur distribution est gérée par Santé publique France, qui les centralise pour les distribuer prioritairement au personnel soignant et aux entités qui en ont un besoin critique.


Les entreprises dont l’activité nécessite le port d’un masque chirurgical ou de type FFP2/FFP3 pourront et devront se fournir directement auprès de producteurs étrangers. Toute importation supérieure à 5 millions de masques, sur une période glissante de trois mois, devra toutefois être déclarée à l’État et pourra faire l’objet d’une réquisition totale ou partielle ».


Un appel à la vigilance sur la qualité des masques d’import est fait car la société le précise le sourcing à l’étranger recèle ses propres risques : « (…)Nous recevons chaque jour 5 à 10 mails de fournisseurs asiatiques proposant des masques, mais ne pouvons en être garant. Les coûts de fret en provenance de Chine ont été multiplié par trois .


Les PDG des grandes distributions quant à eux  se défendent de tout « stock caché » mais la question est clairement posée, une enquête sera-t-elle ouverte ?


Certains élus montent déjà au créneau dont la sénatrice de Gironde Nathalie Delattre (Mouvement radical) qui a demandé la constitution d’une commission d’enquête sur le sujet, dans un courrier au président du Sénat Gérard Larcher(AFP).


Saga des masques en France…be continued…