Coronavirus Afrique : la peur se ressent de plus en plus au sein des populations africaines.
Depuis le début de l'épidémie en Chine, les experts pensaient que l'Afrique serait épargnée grâce à son climat chaud. Pour ensuite compter sur la jeunesse de sa population. Aujourd'hui la donne a changé et l'inquiétude est bel et bien là au sein des populations africaines
Publié : 30 mars 2020 à 20h51 par Latifa Loucham
L’OMS sonne l’alerte : l’Afrique sera bientôt touchée gravement. Les cas se multiplient à grande vitesse et c’est maintenant au tour de l’Afrique subsaharienne de compter ses nombres de cas mais aussi ses morts. : deux morts au Mali, 3 au Niger, 4 au Ghana, deux au Soudan, un au Kenya, 6 au Cameroun, 1 au Togo.
Badis Diab, co-fondateur de UNITY ONG est présent sur terrain et nous livre son témoignage et son expertise sur la situation africaine face au coronavirus.
Vous êtes co-fondateur de UNITY ONG. Quelle est le but de cette ONG ? Dans quels pays en Afrique intervenez-vous ?
Cette organisation est aujourd’hui présente dans plus de 40 pays dans le monde avec des opérations quasi-quotidienne depuis le lancement et relayés en temps des réels sur les réseaux sociaux.
Elle a pour but d’agir dans différents domaines tels quel l’aide à l’enfance, aux femmes isolées, aux personnes en situation de handicap et mais aussi la biodiversité.
Nous venons en aides aux nécessiteux de toutes les communautés, quelque soit la culture, la religion ou la couleur de peau. C’est également une volonté de rassembler autour de l’engagement humanitaire. D’où le nom de UNITY.
Avec la crise sanitaire qui touche les pays les plus riches et la rapide propagation du COVID-19 , pensez-vous que l’Afrique se dirige vers une catastrophe ?
Je pense que le COVID-19 est bien moins dangereux que Ebola ou le Paludisme, mais sa particularité expansionniste rend ce virus redoutable.
Je pense que si les grandes instances scientifiques ne trouvent pas rapidement un remède à cela, la situation sanitaire en Afrique va rapidement devenir ingérable, et il sera trop tard.
Vous qui êtes présent sur le terrain dans de nombreux en Afrique à travers ONG UNITY avez-vous noté une peur des populations ou bien un déni sur le modèle européen en début d’épidémie ?
Les africains ont mis du temps à s’intéresser au COVID-19.
Dans un premier temps parce que la situation humanitaire et sanitaire et déjà alarmante en Afrique, et que les africains sont habitués à vivre dans des conditions de vie désagréables.
La seconde raison, c’est parce que les responsables des sociétés civiles ont clairement influencé les populations en leur faisant croire que le Coronavirus était une maladie des pays froids, et qu’elle n’aurait pas la même dangerosité en Afrique.
Aujourd’hui, les africains ont pris conscience que le Coronavirus tue partout dans le monde, et la peur se ressent au sein des populations africaines.
Quelles mesures préconisez-vous à ce stade de l’épidémie ?
Concernant les mesures, dans un premier temps, l’urgence est de trouver un antidote à ce virus qui va continuer de tuer à travers le monde.
Les sociétés africaines ne sont pas des états-providences, ce qui signifie que les populations ne peuvent rester continuellement confinés, ils auront besoin de sortir pour gagner leur vie.
Ce qui n’est pas le cas en Occident où les états assurent aux populations un minimum de qualité de vie, malgré le confinement.
Il faut que nous puissions organiser de façon massive la distribution de masques, de gants et de produits sanitaires de premières nécessités aux populations africaines. Les populations les plus pauvres doivent être une priorité.
Les Européens doivent montrer leur solidarité avec les peuples africains, et les acteurs de la société civile doivent aussi s’engager pour les populations africaines qui vivent dans des conditions de vie horribles.