Rohingyas : devant la Cour internationale de Justice de La Haye, Aung San Suu Kyi ne reconnaît qu'un recours à “la force disproportionnée”

Pour Aung San Suu Kyi, la dirigeante birmane, le recours à la force s'inscrit dans le cadre d'un conflit armé interne

11 décembre 2019 à 16h22 par La rédaction avec AA

FRANCE MAGHREB 2
la minorité musulmane Rohingyas d'Arakan victime d'un véritable génocide
Crédit : Google images

La dirigeante birmane, Aung San Suu Kyi, a reconnu, mercredi, que les forces de son pays ont eu recours à une “force disproportionnée” contre les musulmans de l'État d'Arakan (Rakhine).

C’est ce qui ressort de son audition devant la Cour internationale de Justice de La Haye, à la suite de la plainte déposée par la Gambie contre le Myanmar, sur fond d'accusation de “génocide” contre la minorité musulmane Rohingyas d'Arakan.

“Je n'exclus pas le recours à une force disproportionnée par les forces de sécurité contre la minorité Rohingya, toutefois, cela ne peut être considéré comme un génocide” a-t-elle indiqué. 

“Les frappes aériennes ont été généralement évitées, toutefois nous avons recensé plusieurs frappes aériennes contre des civils à Arakan” s’est elle expliquée en référence aux opérations des forces armées contre, ce qu’elle appelle, l'"Armée du Salut Rohingya de l'Arakan"(ARSA).

Quant à la plainte déposée par la Gambie auprès de la Cour internationale de Justice, Suu Kyi a estimé que ce n'est pas son pays mais les individus armés à Arakan, qui sont à l’origine de la crise.

“La Gambie a présenté une image irréaliste, incomplète et trompeuse de la situation dans l'ouest du Myanmar" a-t-elle poursuivi, en considérant que ce qui se passe n’est autre qu’un conflit armé interne.

Alors qu’elle a souligné l’absence d’une documentation internationale sur les pratiques armées de l'ARSA, Suu Kyi n’a pas évoqué, lors de son audition, l’interdiction imposée aux organismes internationaux d’atteindre la zone de conflit.

Détail important, la dirigeante du Myanmar n'a pas prononcé le mot "Rohingya" lors de son témoignage. Elle s’est contentée de dire “civils” et “musulmans” d’Arakan.

Depuis le 25 août 2017, l'armée du Myanmar et les milices bouddhistes commettent des massacres contre les musulmans Rohingyas dans l’Etat d’Arakan, faisant des milliers de morts, selon des sources et des rapports locaux et internationaux concordants.

En effet, le gouvernement du Myanmar considère les musulmans Rohingyas comme étant des "migrants illégaux" du Bangladesh, tandis que les Nations Unies les qualifient de "minorité la plus persécutée au monde".