Les leçons des élections législatives françaises : 3 victoires, dont deux à la Pyrrhus et une défaite.
La longue séquence électorale française vient de se terminer, et peut être de façon provisoire au vu du séisme qui vient de secouer non seulement la classe politique française mais surtout le pays qui se trouve nu face à son miroir réel.
Publié : 23 juin 2022 à 2h19 par Tarek Mami
Résultats des élections législatives françaises 2022
MOUVEMEMENT |
SIEGES 2022 |
SIEGES 2017 |
ENSEMBLE |
245 députés |
361 députés |
NUPES |
133 députés |
58 députés |
RASSEMBLEMENT NATIONAL |
89 députés |
8 députés |
LR |
64 députes |
112 députés |
La France est aujourd’hui un pays au miroir brisé en fragments mosaïque. Après les victoires en demi-teinte et réelle, il est donc temps de tirer les leçons de cette séquence.
Élections et victoire présidentielle
La victoire et la réélection à la présidence de la République, Emmanuel Macron, une première depuis la réélection de Jacques Chirac en mai 2002, il y a 20 ans, a fait illusion alors qu’il s’agit d’un arbre qui a caché pendant à peine deux mois la forêt du pays réel.
Élections législatives
Les élections législatives ont abattu l’arbre et met à découvert la forêt. 3 blocs politiques émergent pour peuple une nouvelle assemblée nationale éclatée, à présupposé idéologique antagoniste et politiquement ingouvernable. A ce titre il est heureux de voir l’assemble du peuple refléter la réalité politique du pays, camouflé sous le manteau d’un régime politique taillé en 1958, sur un mesure pour un homme le General De Gaulle, avec un président fort, un parlement croupion des partis politiques de plus en plus éloigné de l’opinion public qui courent derrière leurs intérêts particuliers même sils contredisent l’intérêt général et un mode de scrutin majoritaire à deux toues pour éliminer les opinions dissidentes et contestataire de l’ordre établie. Les présidents et majorité suivantes n’ont pas bu ou voulu voire les évolutions de la société et la perception populaires qui voit le pays accaparé par une caste qui dite de gauche ou de droite ou de gauche pratiquent la même politique intérieure étrangères.
3 évènements majeurs ont précipité le mouvement de rejet.
Un système politique dépassé
La constitution De Gaulle de 1958, a perdu petit à petit son efficacité et vu les électeurs s’éloigner des urnes, un peu plus à chacun scrutin. Ce désintérêt, devenu désaffection puis abstention croissante peut s’expliquer par plusieurs décisions politiques adaptées par les gouvernements consécutifs, qui font qu’aujourd’hui ce système se trouve dépassé.
En premier lieu, Le raccourcissent par le duo Chirac Jospin du mandat présidentiel de 7 à 5 ans.
En second lieu, l’inversion du calendrier électoral par le même Jospin, un homme à l’égo surdimensionné, emporté par sa propre forfaiture, lui qui croyait pouvoir être élu président et donner une majorité parlementaire a son parti socialiste,
En troisième lieu, les deux décisions désastreuses pour le pays de Nicolas Sarkozy d’une part la ratification par le congrès de Versailles, en 2008, du traité de Lisbonne sur la constitution européenne, pourtant rejeté par les Français lors du referendum de 2005, à 55%, transformant ainsi le non populaire en oui parlementaire. Et d’autre part, la réintégration de la France dans le commandement unifié de l’OTAN, duquel le général De Gaulle s’est retiré, et qui fait depuis cette réintégration de la France un simple vassal de l’OTAN, en réalité de l’armée américaine. Ce faisant il a retiré à la France sa souveraineté nationale (militaire) chèrement acquise par le retrait de De Gaulle du commandement unifié de l’OTAN, et par le refus de Jacques Chirac de participer à l’invasion de l’Irak, sous de des prétextes fallacieux et sous la houlette de l’armée américaine. Le piège a fini par se refermer sur les bénéficiaires de ce modèle politique.
Deux victoires à la Pyrrhus pour Ensemble et la NUPES
Pour revenir aux 3 blocs politiques de la nouvelle assemblée national, chacun de ce 3 mouvements revendique la victoire de ces législatives.
Tout d’abord, le mouvement Ensemble, le nouveau mouvement du président Emmanuel Macron revendique la victoire au motif de l’obtention du plus grand nombre de sièges de cette nouvelle assemblée. Ce mouvement, oublie, cependant, qu’il n’a obtenu qu’une majorité toute relative de 245 députés, (contre 361 députés en 2017), et qu’il lui manque au moins 44 députés pour pouvoir appliquer le programme présidentiel.
Ensuite, le mouvement NUPES, le nouveau mouvement de la coalition de la gauche impulsé par Jean Luc Mélenchon, qui a eu le génie politique de faire obtenir, à ce mouvement, avec le même nombre de voix qu’en 2017, le double de sièges à l’Assemblée nationale, pour avoir su éviter aux partis qui composent les NUPES de partir en ordre dispersé. La NUPES revendique, également, la victoire aux élections législatives au double motif de l’obtention du plus grand second nombre de sièges de cette nouvelle Assemblée nationale et d’être dorénavant, la première force d’opposition parlementaire. Cependant, ce mouvement, oublie, qu’il n’a pas obtenu la majorité mais seulement 133 députés, (contre 58 députés en 2017) pour l’ensemble de ses composantes, et qu’il ne peut pas imposer, son chef Jean Luc Mélenchon, comme Premier Ministre. Ce dernier a d’ailleurs enterré cette prétention et ce slogan de campagne, dès l’annonce des résultats des législatives.
Ces deux victoires des mouvements Ensemble et NUPES sont deux victoires à la Pyrrhus, car elles ne permettent pas à leurs bénéficiaires d’administrer le pays, et participent chacun à sa manière à le fracturer. Plus grave pour la NUPES, si ce mouvement ne constitue pas un groupe politique au sein de la nouvelle assemblée, il passerait avec le mouvement LFI avec 72 députes, contre 18 députés en 2017, au rang de deuxième force d’opposition politique, et laisserait du coup s’échapper la présidence de la commission des finances qui revient de droit au premier groupe de l’opposition parlementaire ; qui serait alors le front national.
Une vraie victoire politique du Rassemblement national
Enfin, la seule vraie victoire politique est, donc, celle du Front national avec 89 députés, (contre 8 députés en 2017) de Le Pen Père rebaptisé en rassemblement national par Le pen fille, qui ne pourra pas non plus administrer le pays. Cependant, cette victoire s’illustre doublement. D’une part, sans faire de campagne électorale tonitruante, les résultats de ce mouvement révèlent que le pays a absorbé et assimilé les idées, nauséabondes, du père et de la file Le pen. D’autre part ce mouvement a renvoyé aux limbes de l’histoire l’homme Zemmour et ses idées qui ont perdu tout attrait, les gens préférant toujours l’original à la copie comme dit le père le pen
A cette victoire politique réelle du front national il faut mettre un Bémol, celui du taux de l’abstention qui est en définitive le vrai vainqueur
Un mouvement qui tangue, LR
Le mouvement LR, rejeton peu glorieux du mouvement crée par le général De Gaulle, laminé par la dernière élection présidentielle et endetté jusqu’au coup, se retrouve dans la situation peu enviable dans laquelle tous les choix sont mauvais. LR en obtenant 64 députes, contre 112 députés en 2017, se trouve dans la position charnière pas nécessairement avantageuse. Celle d’avoir le choix entre deux issues aussi mortelles l’une que l’autre. Celle de passer une (mauvaise) alliance avec Ensemble, et de devenir sa béquille parlementaire, pour lui permettre d’atteindre la majorité absolue 289 sièges. Et celle de refuser cette alliance, et de devenir, au mieux, la troisième force de l’opposition parlementaire, après le front national et la France insoumise, sans pouvoir influencer les décisions politiques qui engagent le pays, comme depuis 2012 et le mandat de François Hollande (1012-2017) et du premier mandat d’Emmanuel Macron (2017-2022).
Une défaite des habitants des quartiers populaires.
En politique, comme dans les jeux et les concours, quand il y a des gagnants, il y a forcément des perdants. Et face à chaque victoire, il y a nécessairement une défaite. Un mot sur les perdants. Il s’agit des habitants des quartiers populaires souvent réduits, dans les médias main Stream, à leur seule confession religieuse musulmane. Ce sont ces citoyens qui sont les vrais perdants des législatives françaises. Il est donc, malheureux, de constater que les plus discriminés, économiquement et socialement, c’est-à-dire les habitants des quartiers populaires tendent le bâton pour ses faire battre en alimentant massivement et continuellement les bataillons des abstentionnistes. Ce faisant, ils ont choisi volontairement la servitude volontaire et le statut des “damnés de la terre” en s’abstenant d’aller voter. La nature ayant horreur du vide ils ont laissé la place au Front de la haine, et à ses militant qui sont allés voter en masse de voter contre eux, motivés par leur rejet de ces citoyens, qui ne sont pas à leurs yeux « tout à fait français »
Exister c’est exister politiquement dit le sociologue Abdelmalek Sayed et les habitants des quartiers populaires viennent de prouver qu’ils n’existent pas politiquement. Un peu par fainéantise. Un peu par je m’en foutisme. Et beaucoup par inconscience politique