Au nom de la France, Le président Emmanuel Macron a reconnu : "Ali Boumendjel ne s'est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné"

Le président français, Emmanuel Macron, a reconnu "au nom de la France" que l'avocat et dirigeant politique du nationalisme algérien, Ali Boumendjel "a été torturé puis assassiné" par l'armée coloniale pendant la Guerre de libération nationale, a annoncé mardi soir la présidence française.

4 mars 2021 à 9h16 par FranceMaghreb2

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Ali Boumendjel est torturé et assassiné quarante-trois jours après son arrestation, le 23 mars 1957
Crédit : DR

"Ce mardi 2 mars 2021, le président de la République a reçu au palais de l’Elysée quatre des petits-enfants d’Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, ce que Malika Boumendjel (veuve) aurait voulu entendre: "Ali Boumendjel ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné", a indiqué l'Elysée dans un communiqué.

La reconnaissance par la France de l’assassinat d’Ali Boumendjel survient conformément aux préconisations de Benjamin Stora dans son rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre de libération nationale.

Selon l'Elysée, "ce geste de reconnaissance (...) n’est pas un acte isolé".

Le président français a exprimé aux petits-enfants d’Ali Boumendjel "sa volonté de poursuivre le travail engagé depuis plusieurs années pour recueillir les témoignages et encourager le travail des historiens par l’ouverture des archives (...)".

"Ce travail sera prolongé et approfondi au cours des prochains mois, afin que nous puissions avancer vers l’apaisement et la réconciliation", a-t-il promis.

Il a estimé, à ce titre, que "regarder l’Histoire en face, reconnaître la vérité des faits, ne permettra pas de refermer des plaies toujours ouvertes, mais aidera à frayer le chemin de l’avenir".

Au cœur de la Bataille d’Alger, Ali Boumendjel fut arrêté par l’armée coloniale, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957, a reconnu l'Elysée, soulignant que "Paul Aussaresses avoua lui-même avoir ordonné à l’un de ses subordonnés de le tuer et de maquiller le crime en suicide".

Originaire des Ath Yenni, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, Ali Boumendjel a laissé derrière lui son épouse, Malika, et quatre enfants âgés alors de sept ans à vingt mois : Nadir, Sami, Farid et Dalila.

Né le 23 mai 1919, à  Relizane, Ali Boumendjel, brillant écolier, s'est frayé sans mal une place sur les bancs de la faculté de droit d’Alger. C’est fort d’une culture ouverte, généreuse et humaniste, qu’Ali Boumendjel s’est engagé en politique, contre l’injustice du système colonial et pour l’indépendance de l’Algérie.

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Ali Boumendjel, né le  à Relizane au sein d'une famille originaire de Taourirt Menguellet wilaya de Tizi Ouzou, et mort le  à El BiarAlger, est un avocat et militant politique algérien. Torturé et exécuté par les parachutistes du général Massu lors de la bataille d'Alger durant la guerre d'Algérie, son assassinat est alors maquillé en suicide.

Issue d’une famille paysanne originaire d'un village de Ath Yenni en Kabylie, Ali Boumendjel nait à Relizane, dans le nord-ouest de l'Algérie, fils de l’un des premiers instituteurs kabyles installés dans l’Oranie1.

Son frère, Ahmed Boumendjel (1906-1984), fut membre du CNRA, négociateur à Evian et ministre de 1962 à 1964.

Boumendjel fait son cursus scolaire à Larbaâ. Brillant élève, il décroche une bourse qui lui permet d'entrer au collège Duveyrier de Blida, « pépinière nationaliste » où il rencontrera d'autres militants du nationalisme algérien telles qu'Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda et Saâd Dahlab.

Après le lycée, il suit les traces de son frère ainé, Ahmed Boumendjel, et fait des études de droit. Il le suit également sur le terrain politique, puisque son frère est proche de Ferhat Abbas, et que Ali devient journaliste à L'Égalité, organe des Amis du manifeste et de la liberté.

En 1946, à la création de l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) il en devient membre et devient, après 1954, l'avocat des nationalistes algériens. En 1955, il intègre le Front de libération nationale (FLN), et fait la liaison entre l'UDMA et le FLN.

Il a été marié et père de 4 enfants : Nadir, Sami, Farid et Dalila.

Ali Boumendjel est arrêté le , pendant la bataille d'Alger. Il est détenu en divers lieux de la région d'Alger et torturé. Il est assassiné quarante-trois jours après son arrestation, le  1957, sur ordre du commandant Paul Aussaresses, qui le reconnaitra lui-même dans ses mémoires parues en 20013, confirmant que l'exécution avait été planifiée. Ali Boumendjel a été jeté du sixième étage d’un immeuble abritant un centre de torture, situé à El Biar sur les hauteurs d’Alger, permettant de maquiller son assassinat en suicide par défénestration4. Sa mort avait secoué les intellectuels français de tous bords cherchant à connaitre la vérité sur la mort de ce jeune avocat pacifiste. C'est dans ce même immeuble qu'ont été détenus et torturés le journaliste Henri Alleg et le mathématicien Maurice Audin, lui-même porté disparu depuis lors. EN savoir plus 

Avec APS, Wikipédia et divers médias