France / Libye: Al-Sarraj critique la position de la France et dénonce son soutien au profit de Haftar

Le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale libyen (GNA), Fayez al-Sarraj a dénoncé le soutien "non proportionné" de la France à Khalifa Haftar, se disant "surpris" et "perplexe" face à la position française en Libye.

Publié : 24 avril 2019 à 16h44 par La rédaction avec AA

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"Nous sommes surpris et perplexes face à la position de la France", a déclaré M. al-Sarraj dans un e
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"Nous sommes surpris et perplexes face à la position de la France", a déclaré M. al-Sarraj dans un entretien au journal du soir Le Monde publié mardi, indiquant que Paris "fournit également un soutien à Haftar avec d'autres pays", sans les citer.

Pour lui, "le soutien non proportionné de la France à M. Haftar est ce qui l'a décidé à passer à l'action et à sortir du processus politique", indiquant qu'il s'en inquiété auprès du président Emmanuel Macron.

"Comment un pays qui aspire à la liberté, aux droits humains et à la démocratie peut-il avoir une position si peu claire à l'égard de notre peuple qui aspire aux même valeurs", s'est-il demandé, faisant observer que plutôt de "développer notre relation et notre partenariat, nous nous inquiétons de la réputation de la France dans l'opinion publique" du fait de sa position "non claire" et de son "manque de solidarité", a-t-il ajouté.

Dans ce climat de crise diplomatique entre les deux pays, Fayez al-Sarraj n'a pas désavoué son ministre de l'Intérieur, Fathi Bach Agha, qui a décidé de suspendre "tout lien" avec la partie française.

Dans un communiqué publié par son service de presse, le ministre de l'Intérieur, Fathi Bach Agha, a ordonné "la suspension de tout lien entre (son) ministère et la partie française dans le cadre des accords sécuritaires bilatéraux (...) à cause de la position du gouvernement français soutenant le criminel Haftar qui agit contre la légitimité".

A ce sujet, le PM libyen, qui semble embarrasser selon le journaliste du Monde, a indiqué que "c'est sa décision en tant que ministre, c'est sa prérogative", a-t-il dit, soulignant qu'il ne s'agit rien de plus qu'une crise dans nos relations" qui peut être surmontée "si la France prend la bonne position".

Critiquant également l'attitude des Etats-Unis qui soutiennent Khalifa Haftar pour "lutter contre le terrorisme et sauvegarder les champs pétroliers, le chef du gouvernement d'entente nationale (GNA) a souligné que "le conflit actuel oppose les tenants d'un régime militaire et autoritaire à ceux d'un Etat civile garantissant les libertés".

Il appelle à cessez-le-feu mais admet en même temps que la reprise à court terme de discussions politiques "sera difficile". "Il est sans aucun doute impossible de renouer le dialogue politique dans le contexte des combats", a-t-il estimé en soutenant ses propos par une interrogation : "Comment voulez-vous demander à quelqu'un qui défend sa maison attaquée de déposer les armes en pleins combats ?".

Pour lui, la priorité du moment est "d'arrêter les combats et la souffrance de la population", exprimant 

son scepticisme à la reprise des discussions "avec quelqu'un qui décide subitement de détruire les efforts de paix et de conquérir le pouvoir par les armes".

Au moins 264 personnes dont des civils ont été tuées et 1.266 autres blessées depuis le 4 avril dans les combats en Libye, où les forces de Khalifa Haftar tentent de conquérir la capitale, selon un bilan mardi de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Khalifa Haftar a lancé le 4 avril une agression sur Tripoli, siège du GNA, reconnu par la communauté internationale.