L'Algérie dénonce un flot d'agressions verbales qui la cible depuis la France. De quoi s'agit-il ?

L'Algérie fait l'objet d'un flot ininterrompu d'agressions verbales qui nous parviennent de France", a affirmé, lundi à Alger, le ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement, Ammar Belhimer, suite à la résolution du Parlement européen (PE) sur la situation des droits de l'Homme en Algérie.

1er décembre 2020 à 17h28 par FranceMaghreb2

FRANCE MAGHREB 2
Nicolas Sarkozy s'adressant au président du Conseil de transition de la Libye en septembre 2011 :"L
Crédit : Google Algérie

"Ces agressions empruntent plusieurs canaux : le Parlement européen, les ONG et leurs rares relais médiatiques et politiques locaux ainsi que les réseaux sociaux et leurs "influenceurs parisiens", a-t-il précisé dans une déclaration à l'APS.

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Citant le poète russe, Maïakovski, qui, a-t-il dit, "nous indiquait au siècle dernier, de si belle manière, l’attitude à prendre dans certaines situations: "Je ne mords pas à l'ordure, à l'appât de basses fredaines", il a estimé qu'une fredaine est définie par le dictionnaire comme "un écart de conduite, une folie de jeunesse, une frasque",  je dirais aussi "une vulgarité" pour décrire le flot ininterrompu d’agressions verbales qui nous parvient de France".

Pour le ministre "ce n’est pas la première fois que des lobbies évoluant au sein du Parlement européen tentent vainement d’épingler l’Algérie sur le registre des droits humains et des libertés individuelles, en pondant des résolutions similaires qui, au fil du temps, deviennent ennuyeuses et provoquent un sentiment de "déjà vu".

Il a déclaré, à ce sujet: "c’est devenu presque un marronnier qui se répète chaque fin d’année. Une sorte de cadeau de Noël ou de service fait à l’adresse des commanditaires qui tirent les ficelles de ces lobbies".

Il a rappelé, dans ce cadre, la résolution de même nature adoptée par le PE l'année passée, affirmant à ce propos, "qu'en novembre 2019, alors que l’Algérie affairée à réussir ses élections présidentielles pour sortir de l’impasse imposée par l’ancien régime, fait l’objet de critiques acerbes et à tort, de la part de parlementaires européens, censés représentés leur peuples au lieu de jouer aux mercenaires".

"L’Algérie vient de se voir de nouveau citée, jeudi 19 novembre 2020, dans un parchemin frappé du sceau de "l'urgence". Le document en question dresse un tableau des plus sombres de la situation des libertés et droits de l’Homme dans le pays", a encore indiqué le Porte-parole du Gouvernement.

Il a ainsi réitéré la réaction du Ministère des Affaires étrangères à ce sujet, dans le passage où il affirmait que "le PE a cru devoir adopter, selon une procédure dite "d'urgence" pour le moins douteuse, une nouvelle résolution sur la situation en Algérie dont le contenu outrancier se résume à un chapelet d'injures et d'avanies à l'endroit du peuple algérien, de ses institutions et de l'Etat algérien".

M.Belhimmer a affirmé, en outre, que "le PE va jusqu’à tracer, dans le point 8 de sa résolution, la voie à suivre pour les Algériens: + la transition politique en cours doit garantir le droit de tous les Algériens, quels que soient leur sexe, leur origine géographique ou ethnique et leur statut socioéconomique, y compris des Berbères, à participer pleinement au processus démocratique et à exercer leur droit de prendre part à la direction des affaires publiques".

"Avons-nous en Algérie un problème d’ordre politique et citoyen spécifique dont le revendication est portée sur l’intégration des Berbères dans la vie politique et la gestion des affaires publiques,  se demande un ami, militant de longue date, qui soupçonne, à juste titre, +des tentatives d’ethnicisation de la vie politique, voire de retribalisation de l’identité à l’ère de la globalisation", a encore noté le ministre.

"Les valeurs universelles défendues en grandes pompes par l’UE sont-elles réellement affranchies de l’eurocentrisme?", s'est-il encore interrogé.

 Des ONG et des médias participent aux attaques contre l'Algérie

 Le ministre a soutenu, à cet égard, que "les ONG et leurs relais médiatiques et politiques locaux ne sont pas en reste de ces agressions".

"Entre silence et à-plat-centrisme, comme fort opportunément rappelé par la une d’un quotidien, l’immaturité des groupuscules laïco-démocrates, ultra-minoritaires dans le corps social et arrimés au sacro-saint logiciel atlantiste transitionnel et constituant, ne laisse planer aucun doute sur leur amateurisme politique, même s’ils font grand bruit dans les médias étrangers",a-t-il estimé.

Ces groupuscules, a-t-il poursuivi, "sont encore en attente de la promesse de l’ancien président français Nicolas Sakozy "L’Algérie dans un an, l’Iran dans 3 ans".

Selon le porte-parole du gouvernement, "le propos est tiré d’une conversation qui a eu lieu entre le président français Nicolas Sarkozy et le président du Conseil de transition de la Libye en septembre 2011, à l'occasion de la visite de ce dernier en France".

"S’adressant à son hôte, il lui déclara : " patientez et vous verrez ce qui va se passer en Algérie dans un an et l'Iran dans trois", a-t-il ajouté.

M.Belhimer  a expliqué, à ce titre, que "la remise de notre pays sous tutelle ou protectorat français est souvent associée à la disparition de la génération de Novembre comme si elle n’était qu’une brève parenthèse (qui va vite se fermer) de notre histoire contemporaine".

Il a rappelé, à ce propos, qu'"en février 2010, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, gourou de nombre d’ONG, est sorti du discours diplomatique conventionnel pour formuler sa prévision fort heureusement toujours suspendue : "La génération de l’indépendance algérienne est encore au pouvoir. Après elle, ce sera peut-être plus simple".

Le ministre a affirmé, dans ce contexte, que "les relais internes de ces ONG feignent d’ignorer qu’aucun des pays ayant emprunté la voie du processus constituant issu des laboratoires atlantistes n’est sorti indemne de la partition territoriale et de la guerre civile".

"Les bouleversements préfabriqués – exportés principalement par les nouveaux acteurs du droit international que sont les organisations dites non-gouvernementales - révèlent chaque jour davantage leur caractère contre-révolutionnaire. Plus particulièrement en direction de notre pays, des ONG qui ont pignon sur rue à Paris, à Genève ou à Londres, des résidus irréductibles de l’ex-FIS et des partisans du statu quo ante, parfois à partir de leurs retraites dorées (forcées ou choisies), s’attellent à propager les mots d’ordre de désobéissance civile, de troubles et de recours à la violence pour imposer leur logiciel", a-t-il déploré.

Il en veut pour preuve la réaction de Reporters Sans Frontières à la résolution du Parlement européen et souligne que "ce dernier ne semble pas avoir digéré la récente révision de la constitution algérienne, dont les amendements maintiendraient +l’emprise préjudiciable du pouvoir exécutif sur toutes les institutions y compris le pouvoir judiciaire, ainsi que de dangereuses restrictions aux droits et libertés, et empêchent un réel contrôle indépendant sur les institutions militaires et sécuritaires+".

Il a rappelé, à ce titre, que "RSF n’a rien d’une ONG. Elle est un élément actif de la chaine d’expression du soft power français à travers le monde, bénéficiant d’ailleurs du soutien, sous une forme ou sous une autre de l’AFD, l’Agence française de développement, de TV5 et de TV5 Monde, chaines de l’Audiovisuel extérieur français, de Radio France, de la Fondation de France, de l’entreprise publique EDF, du ministère de la Culture, du Conseil de l’Europe, de l’Instrument européen pour la démocratie et des droits de l’Homme (IEDDH) et, aux Etats Unis, de la Fondation Ford, de l’American Express et, surtout, de la NED, la fameuse National endowment for democracy, +le cheval de Troie par excellence des révolutions colorées dans le monde, Maghreb et monde arabe en première ligne".

"L’objectif poursuivi en Algérie est on ne peut plus clair : éloigner l’Armée nationale populaire de son rôle historique naturel de protection de l’Etat-nation – seul garant de la souveraineté nationale, du progrès et de la justice sociale", a-t-il affirmé.

Le porte-parole du gouvernement a soutenu qu'il "est plus que certain que si l’Algérie n’avait pas manifesté une forte volonté de revoir l’accord d’association pour mettre fin à un  +marché de dupe+ et avait accepté d’aligner le prix de son pétrole à celui de son gaz naturel, jamais ces pseudos parlementaires n’auraient été poussés à écrire de telles contrevérités".

Selon M. Belhimer, "il est également évident que si l’Algérie avait renié une partie de sa souveraineté, acquise grâce à un lourd tribut, en acceptant de devenir la décharge, notamment des voitures diesel européennes, devenues une menace pour l’homme européen et son environnement, car  +trop polluantes+, de telles résolutions n’auraient jamais vu le jour".

"C’est parce que l’Algérie campe sur ses nobles positions en faveur des causes justes, à l’instar de celles des peuples sahraoui et palestinien, et refuse toute normalisation avec l’Etat sioniste, très en vogue ces derniers temps, qu’elle fait et fera l’objet d’attaques médiatiques et de critiques de la part de mercenaires de tout bord", a-t-il ajouté.

Il a fait savoir, à ce propos, que "la voie idoine empruntée pour ces attaques est la guerre électronique".

"Un acteur souvent ignoré est derrière le foisonnement de discours de haine, de division et d’appels à la guerre civile : NSO la plus grande société de surveillance israélienne fondée en 2010 par Omri Lavie et ShalevHulio, tous deux diplômés de la fameuse unité de renseignement militaire 8200 d’Israël, dont le logiciel espion Pegassus est utilisé par certains gouvernements arabes partisans de la normalisation, notamment le Maroc, pour l’intimidation, la menace ou le discrédit des patriotes sur les réseaux sociaux. Ces derniers sont en proie à une "violence expressive" qui laisse libre cours aux « trolls », expression par laquelle on désigne « les internautes plus ou moins malveillants dont un des objectifs anodin est de "pourrir" des fils de discussion en générant artificiellement des polémiques ", a-t-il expliqué.

Plus profondément, a-t-il poursuivi, "le cyberharcèlement émanant d’usines à trolls étrangères, notamment israéliennes ou marocaines - avec le soutien technologique français – s’acharnent à faire voler en éclat le tissu social et à déstabiliser notre pays. Au-delà du « trolling » et de l’incivisme ou de l’agressivité comme registre d’expression, le cyber-harcèlement militant d’outre-méditerranée et les discours de haine qu’il propageait à une échelle inquiétante jusqu’à une date récente, est l’expression manifeste d’une ingérence intolérable".

Le ministre a estimé que "l’émergence, depuis peu, d’une Toile patriotique active et de haute facture professionnelle, a permis de contenir la menace".

"Elle sera soutenue et développée dans des proportions inégalités", a-t-il affirmé.

Avec APS