La cagnotte de la discorde

28 janvier 2019 à 21h51 par Feiza Ben Mohamed

FRANCE MAGHREB 2

La cagnotte destinée à soutenir Christophe Dettinger et sa famille est au centre d’une polémique nationale alors qu’elle a dépassé les 120 000€ en quelques heures. 

La plateforme Leetchi, a décidé de la clôturer, après avoir reçu des pressions politiques. 

Le boxeur de 37 ans, en garde à vue depuis lundi matin est accusé de s’être livré à des violences sur des gendarmes durant l’acte 8 de la mobilisation des gilets jaunes à Paris. 

La vidéo qui montre les faits est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux et Christophe Dettinger, qui se savait recherché par les forces de l’ordre, a décidé de se rendre de lui-même. Il risque jusqu’à 5 ans de prison. 

Lundi soir, une cagnotte Leetchi a été mise en ligne pour lui venir en aide et financer les éventuels frais de justice. Très vite, le compteur s’est emballé et des milliers d’internautes ont effectué des dons. 

C’était sans compter sur le concours du gouvernement. 

La secrétaire d’Etat à l’égalité femmes/hommes Marlène Schiappa s’est rapidement emparée du sujet, réclamant la clôture de la cagnotte qu’elle juge « illégale ».

« Cette cagnotte est contraire aux valeurs de la République. Elle est indécente » a-t-elle osé à l’antenne de BFMTV. 

Elle accuse notamment les donateurs d’« être complices de ces graves violences ». 

Pourtant, une collecte destinée à soutenir un accusé ou sa famille n’a rien d’illégal. 

Ce qui est en revanche proscrit, c’est de récolter des fonds en vue de les utiliser pour régler des « amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires », ce qui n’est pas le cas pour Christophe Dettinger, qui, rappelons-le, demeure présumé innocent. 

Pour l’heure, Leetchi a annoncé dans un communiqué, suspendre la collecte ouverte pour l’ex-boxeur.

Il existe toutefois un précédent médiatique en matière de blocage de cagnotte. Il concerne le groupuscule d’ultradroite « génération identitaire ». En avril 2018, une poignée de militants avaient investi le « Col de l’echelle » dans les Alpes pour repousser les migrants qui tentaient de trouver asile en France. 

À l’issue de cette opération de communication bien huilée, le porte-parole de « génération identitaire » Romain Espino, avait ouvert une cagnotte pour financer les prochaines opérations. 

Si la plateforme Tipeee avait rapidement clôturé la collecte, aucun membre du gouvernement n’avait hurlé au scandale ou au baffouement des valeurs de la République.