Le CFCM dénonce une « gestion coloniale » du culte musulman

28 janvier 2019 à 21h51 par Feiza Ben Mohamed

FRANCE MAGHREB 2
Crédit : Google Images

Le délégué général du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) Abdellah Zekri a vigoureusement dénoncé lundi la « gestion coloniale » opérée par l’Elysée concernant le culte musulman.

BFMTV capture d'ecran

Dans une interview accordée à France Maghreb 2 dans l’émission Le Grand Forum, Abdellah Zekri est revenu sur le rendez-vous entre le CFCM et le président de la République  Emmanuel Macron qui s’est tenu en début de journée. 

« Je dénonce cet Islam colonial. Il n’appartient pas du tout à l’Etat ou au ministère de l’intérieur de désigner qui vient ou qui ne vient pas » explique le délégué général de l’institution musulmane. 

Si le CFCM était bien invité à une discussion lundi matin, l’ensemble de ses membres n’étaient pas sur la liste des personnes conviées. 

Abdellah Zekri, malgré son rôle prépondérant au sein de l’instance, ne figurait pas sur cette liste. Il estime que « c’est la direction du CFCM qui aurait dû désigner sa délégation. »

«Nous ne sommes plus des indigènes de la République » tranche celui qui est également en charge de l’Observatoire de l’islamophobie avant de fustiger une « gestion coloniale » de la part de l’Elysée. 

Abdellah Zekri a notamment fait savoir que le Premier Ministre Édouard Philippe et le ministre de l’intérieur Christophe Castaner, ont également participé à cet entretient controversé aux côtés d’Emmanuel Macron.

En revanche, si une réunion avec les représentants de tous les cultes est bien annoncée à l’agenda de l’Elysée pour jeudi matin, elle serait encore incertaine au vu du contexte social compliqué dans le pays. Selon Abdellah Zekri, chaque culte aurait un représentant à ce rendez-vous à l’exception « des représentants juifs qui seront deux. »

« Ce matin la discussion a porté sur trois points » rapporte le délégué du CFCM.

Il a été question de « combattre les discours radicaux dans les mosquées » explique-t-il avant de répliquer « nous on veut bien mais il faut que l’Etat combatte de son côté les discours haineux des hommes politiques et de certains groupuscules à l’encontre de l’Islam.»

Ont également été évoqués, la question du financement du culte musulman par des fonds étrangers ainsi que la problématique des agressions islamophobes.

S’agissant de ce dernier sujet, le président Macron aurait abordé la « sécurisation de lieux de culte » et réaffirmé qu’il « est inadmissible qu’une femme dans la rue soit forcée de retirer son voile par des groupuscules. »

Abdellah Zekri a conclu son intervention en martelant que « c’est aux musulmans eux-mêmes de s’organiser ».

Cet entretien avec l’Elysée intervient alors que le gouvernement étudie l’éventualité d’une réforme et un cadre rénové de la loi de 1905 qui régit la séparation de l’Eglise et de l’Etat. 

Le président Emmanuel Macron avait indiqué au premier semestre 2018, vouloir poser « les jalons de toute l’organisation de l’Islam de France ». Une prise de position polémique, vue par beaucoup d’observateurs et d’acteurs du culte musulman comme une atteinte au principe de laïcité. 

Un dossier épineux que nous continuerons de suivre.