Libye : condamnation nationale et internationale de l'opération de Maréchal Khalifa Haftar en route vers Tripoli

Suite aux ordres donnés par Haftar à ses soldats de marcher en direction de l'ouest de la Libye, al-Sarraj a déclaré l'état "d'alerte générale" et ordonné à son aviation de contrer tout ce qui menace la vie des civils. Les rebelles de Misrata annoncent également leur prédisposition d'empêcher la progression de Haftar en direction de Tripoli.

5 avril 2019 à 9h22 par France Maghreb 2

FRANCE MAGHREB 2
En réaction à la progression des forces de Haftar en direction de Tripoli, Faez al-Sarraj, président
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La déclaration du général , commandant des forces de l'est libyen, concernant la déplacement de ses forces vers l'ouest pour contrôler la capitale Triploi, ont suscité de larges rejets et indignations locales et internationales.

En réaction à la progression des forces de Haftar en direction de Tripoli, Faez al-Sarraj, président du conseil présidentiel du gouvernement d'union, a chargé le commandement de l'aviation de mener des "patrouilles aériennes et de faire usage de la force pour contrer tout ce qui constitue une menace à la vie des civils".

C'est ce qui ressort d'une correspondance urgente expédiée par al-Sarraj, en sa qualité de commandant suprême de l'armée libyenne, à l'état major des armées, relayée par des activistes sur les réseaux sociaux.

De leur côté, des dirigeants des rebelles de la ville de Misrata (200 km à l'est de Tripoli), ont déclaré leur prédisposition d'arrêter la progression des forces de Haftar dans la région orientale. Ils ont appelé al-Sarraj à donner ses instructions à tous les commandants de la région ouest d'affronter ces forces.

 Le ministère de l'Intérieur dans le gouvernement d'entente, dirigé par Fethi Bachagha (originaire de Misrata), a élevé l'état d'urgence à son niveau maximal et donné ses instructions à toutes les structures et unités de sécurité de contrer avec force toute tentative menaçant la sécurité de Tripoli.

- Rejet et mises en garde

Parmi les réactions rejetant cette offensive, l'ambassade américaine a fermement condamné l'escalade dans les régions situées à l'ouest du pays et appelé, dans un communiqué, jeudi, toutes les parties à la retenue.

L'ambassade du Royaume-Uni, de son côté, a exprimé sa "profonde préoccupation à l'égard des mouvements militaires en Libye" et appelé dans un communiqué toutes les parties à "se concentrer sur le prochain congrès national, comme moyen le plus adéquat pour réaliser un avenir meilleur à tous les Libyens".

Par ailleurs, et suite à la déclaration d'al-Sarraj de l'état d'alerte maximale, le Qatar a mis en garde, jeudi, contre une "rechute dans le bourbier de l'anarchie et de l'insécurité en Libye"

Le ministère qatari des AE a affirmé dans un communiqué que cette escalade "intervient avant la tenue d'un congrès national fédérateur", ce qui met en cause la solution politique, menée sous l'égide des Nations Unies.

La mission des Nations Unies organise un congrès de dialogue dans la ville de Ghedames (ouest) du 14 au 16 avril courant, dans le cadre d'une feuille de route onusienne, pour trouver une solution au conflit qui secoue ce pays pétrolier.

De son côté, la Délégation de l'Union européenne en Libye a exprimé, jeudi, "sa profonde préoccupation, face à la mobilisation militaire en cours dans le pays, et la montée du ton des discours menant dangereusement à une confrontation irréversible".

La Délégation a appelé toutes les parties, dans un communiqué sur sa page Facebook,  à apaiser immédiatement les tensions et à arrêter toutes les actions provocatrices", affirmant qu'il ne peut y avoir de solution militaire à la crise libyenne.

Dans sa déclaration, elle insisté sur le fait que l'Union européenne "approuve pleinement les efforts de médiation fournis par le représentant spécial du SG de l'Onu, Ghassen Slalama".

Quant au secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, il a exprimé sa profonde préoccupation face aux mouvements militaires et au danger des confrontations en Libye, appelant toutes les parties à l'apaisement et à la retenue.

Guterres a ajouté dans un tweet, diffusé par la mission onusienne, qu'il "n'y a pas de solution militaire et que le dialogue est la seule solution des problèmes". 

Guterres est arrivé en Libye mercredi, en provenance de l'Egypte, dans le cadre d'une tournée régionale. Il envisage de rencontrer des responsables libyens.

Depuis plusieurs années, ce pays riche en pétrole est secoué par une lutte pour le pouvoir et la légitimité entre le gouvernement d'entente, reconnu à l'international à Tripoli (ouest) et les forces de Haftar, appuyées par l'Assemblée des représentants dans la ville de Tobrouq (dans l'est).