Nerimene recherche des témoins de son interpellation violente

Nerimene, jeune habitante de Seine Saint-Denis, lance un appel à témoin pour réussir à prouver qu'elle a subi des violences policières au cours de la manifestation parisienne des gilets jaunes ce samedi.

Publié : 28 mai 2019 à 16h39 par Feiza Ben Mohamed

FRANCE MAGHREB 2

Elle raconte dans les détails, le déroulé de la journée sur le site « révolution permanente » sur lequel la jeune femme s’etait Déjà fait connaître en 2016 pour avoir composé un morceau de rap après la mort d’Adama Traoré. 

Decouvrez ici l’ensemble de son récit: 

« Dès l’arrivée à Bastille, les policiers sont arrivés. On a suivi la foule puis on s’est retrouvés dans une petite rue près de la place... Puis d’un coup les voltigeurs sont arrivés derrière moi, quand j’ai entendu le bruit de la moto, j’ai à peine eu le temps de me retourner que leur moto m’est rentrée dedans, ils m’ont littéralement foncé dessus face-à-face, ils étaient à 1 mètre de moi mais ils n’ont pas ralenti... Du coup j’ai été propulsée sur la route, j’ai réussi à garder mon équilibre en me rattrapant sur une deuxième moto de police qui était là, et là j’ai reçu le premier coup de matraque du policier qui était dessus. Je lui dis d’arrêter, il s’arrête et me dit de me casser. Donc je reprends ma route, mon petit frère se trouvait devant moi.

Ensuite j’ai vu un policier s’en prendre à mon petit frère, il lui a mis un coup de matraque, du coup j’ai poussé mon petit frère puis là un motard m’a bloquée entre un mur et une porte, je ne pouvais plus bouger. C’est là que j’ai pris un premier coup de matraque en pleine tête, un autre policier est arrivé et m’a gazée à bout portant, un autre m’a saisie par les cheveux et m’a jetée au sol. Puis ils se sont retrouvés à 3 sur moi, et j’ai pris des coups de pieds, de matraques, des claques, des insultes comme « casse-toi grosse pute », « va maigrir salope »... pendant 2 bonnes minutes je dirais.

Puis après qu’ils se soient défoulés ils sont partis comme si de rien n’était. Et il y avait un couple derrière moi qui s’était fait gazer aussi, ils m’ont récupérée sur le chemin, je me suis relevée, et j’ai fait un premier malaise. Des personnes m’ont récupérée puis on a rejoint la place pour trouver des street-medic. Ensuite ça s’est déroulé comme on peut le voir sur les lives. A mon arrivée sur la place j’étais vraiment dans un sale état, je me sentais partir, c’était trop bizarre. Puis là on trouve une équipe de Street-medic, je leur dis que j’ai pris des coups à la tête, que je ne suis vraiment pas bien... Puis ils ont voulu m’asseoir dans un resto mais en chemin j’ai vomi et perdu connaissance.

Du coup je me suis retrouvée à terre, un cordon de gilets jaunes s’est formé autour de moi mais les keufs les ont fait reculer pour eux-mêmes faire le cordon. Après je sais que ça criait à côté de moi, mais mon souvenir reste flou.

Je suis restée 20 bonnes minutes par terre, les pompiers n’arrivaient pas, puis j’ai été emmenée à l’hôpital Saint-Antoine où j’ai passé la nuit en surveillance, j’ai pas dormi depuis hier. J’ai eu un traumatisme crânien et très mal à la tête, vu qu’ils m’ont tapé en haut de la nuque, dans le creux au bas de la tête. J’ai mal au genou aussi vu qu’ils me sont rentrés dedans en moto, et j’ai des nausées.

Mon petit frère par contre a été emmené en garde-à-vue. Pendant que je me faisais frapper lui était déjà au bout de la rue, et quand je me suis relevée je l’ai croisé, il était menotté. Ma mère a eu un message comme quoi il était en garde-à-vue mais on ne sait pas dans quel commissariat. »

La jeune femme s’etait Déjà fait connaître en 2016 pour avoir composé un morceau de rap après la mort d’Adama Traoré.