Tunisie : des médecins des Centres hospitaliers universitaires CHU, en gréve

Les médecins, médecins dentistes et pharmaciens des Centres hospitaliers universitaires tunisiens observent, ce mercredi, une grève en en signe de protestation contre "la dégradation de leur situation sociale et sanitaire".

4 février 2021 à 0h56 par FranceMaghreb2

FRANCE MAGHREB 2
Environ 80% des nouveaux diplômés du secteur médical sont partis travailler à l'étranger en 2019 et
Crédit : Google images Tunisie

Selon la secrétaire générale du Syndicat tunisien des médecins, médecins dentistes et pharmaciens hospitalo-universitaires (SMMDPHU), Ahlem Behadj, le secteur de la santé publique vit une "situation alarmante", aggravée par le phénomène de la migration des médecins qui s'est accru au cours de la dernière période.

Dans des déclarations à la presse, elle a fait savoir qu'environ 80% des nouveaux diplômés du secteur médical sont partis travailler à l'étranger en 2019 et 70% des médecins de famille ont exprimé leur intention de quitter le pays.

La responsable syndicale a relevé que cette grève intervient suite à la non application des dispositions réglementaires de la convention sectorielle conclue le 6 octobre 2020 et la dégradation du secteur de la santé publique.

Elle a expliqué que la convention prévoit, notamment, l'élaboration de décrets relatif à l’alignement du statut des médecins dentistes et pharmaciens sur celui des médecins hospitalo-universitaires et la création des primes de rentrée universitaire et d’enseignement ainsi que l’augmentation de la prime d’encadrement.

Elle a ajouté que la convention n’a pas été appliqué par les ministères concernés, à savoir les ministères de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de la Fonction publique, des Finances, de l’économie et du développement de l’investissement comme convenu lors de la réunion du 6 janvier 2021.

La secrétaire général du syndicat a par ailleurs noté que la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) n'a pas honoré ses redevances financières envers les hôpitaux qui souffrent d'un déficit chronique.

Mme Belhadj a indiqué que pour remédier à cette situation, le syndicat avait appelé le chef du gouvernement Hichem Mechichi, à augmenter le budget du ministère de la Santé dans le projet de budget supplémentaire pour 2021.

Elle a fait savoir que la plupart des hôpitaux souffrent d'une grave pénurie de cadres médicaux et paramédicaux en raison, notamment, du non remplacement des départs à la retraite et des cadres qui ont quitté le pays.

Plusieurs ONG, dont le Forum tunisien des droits économiques et sociaux et Oxfam, avaient lancé, en octobre dernier, une campagne intitulée "Le corona tue, l’austérité tue encore plus" pour réclamer la fin d’une politique meurtrière en matière de santé.

Selon l’étude d’Oxfam sur les inégalités en Tunisie, en raison des politiques d’austérité budgétaire, la part de la santé dans le budget de l’Etat tunisien n’a pas cessé de baisser, passant de 6,6 % en 2011 à 5 % en 2019. Elle est de 5,5 % dans la loi de finances pour 2021.

Avec MAP