TUNISIE : Référendum constitutionnel du 25 juillet 2022

LA NOUVELLE CONSTITUTION TUNISIENNE exclut 1.731.619 de Tunisiens Résidents à l’Étranger (TRE) de la vie politique de leur pays.

23 juillet 2022 à 15h36 par Latifa Loucham

Docteur Mohamed Ghannem
Docteur Mohamed Ghannem
Crédit : Docteur Mohamed Ghannem

Lettre du Docteur Mohamed Ghannem au Président Kaies Saied :

Monsieur le Président de la République tunisienne.



Avec la Constitution que vous nous proposez, outre les excès déjà signalés par un grand nombre de nos concitoyens, vous excluez de la vie politique tunisienne un bon nombre des 1.731.619 de TRE, et ce sans compter leurs descendants, (enfants et petits- enfants).

 
En effet dans le système politique que vous proposez dit « El kaidi » ou pyramidal, les TRE ne peuvent se présenter, ni aux élections législatives, ni aux élections présidentielles. Les conditions de candidatures prévues par le projet de la nouvelle constitution soumise au Référendum du 25 juillet 2022, excluent les TRE sur plusieurs générations.

Monsieur le Président de la République Tunisienne.

Je vous rappelle que ces TRE ne sont pas moins patriotes que leurs concitoyens Tunisiens résidents en Tunisie. Rappelez-vous de la grande implication de ces TRE lors de la crise sanitaire de la Covid-19…

Les TRE représentent une richesse économique, sociale et culturelle pour la Tunisie. Leur apport financier s’élève à 8599 millions de dinars en 2021, et à 3,7 milliards de dinars en 2022.


Monsieur le Président de la République Tunisienne.
Vous commettez une erreur historique, les conditions exigées à la candidature aux futures élections législatives et présidentielles sont impossibles à satisfaire pour les TRE.


Pour les élections législatives, l’article 58 du projet de la nouvelle constitution autorise certes, tout tunisien de père ou de mère de nationalité tunisienne à se présenter à ces élections. Mais cet article reste silencieux sur les modalités pratiques de ces élections, et ne mentionne pas la possibilité d’élections de Députés représentants les TRE, TRE qui comptent aujourd’hui plus de 10% de la population tunisienne. Les TRE disposaient de 18 Députés en application de la Constitution de 2014.


‎القســم الأو ل
‎مجلس نواب الشعـــب
‎الفصل الثّامن والخمسون:


Pour les élections Présidentielles, l’article 89, du projet de la nouvelle constitution exclut de droit tous les Tunisiens binationaux et ceux dont les parents et grands-parents paternels et maternels ne sont pas exclusivement de nationalité tunisienne. Cet article élimine de la course à la présidentielle tous les actuels binationaux et leurs descendants, enfants et petits-enfants.


‎القسم الأو ل
‎الفصل التاسع والثمانون:
‎الترشح لمنصب رئيس الجمهورية حق لكل تونسي غير حامل لجنسية أخرى
‎مولــود لأب ولأم وجد ولأم تونسيي
‎وكلهم تونسيون دون إنقطاع.

Monsieur le Président de la République Tunisienne.
Le nombre de TRE, et sur des générations, qui se présenteraient aux prochaines élections présidentielles tunisiennes est infinitésimal. Par contre l’impact psychologique de l’interdiction de leur candidature sera énorme, sans compter que l’image de la Tunisie sera également impactée. Cette interdiction éloignera certainement un peu plus les générations futures de la Tunisie, et risque de couper définitivement le cordon ombilical affectif qui les lient encore à cette terre par amour de leurs parents.
Monsieur le Président de la République Tunisienne.

Le ton amer de cette lettre, reflète non seulement mon ressenti personnel, mais aussi celui de la quasi-totalité des membres de la société civile des TRE.


Je vous prie d’agréer Monsieur Le Président de la République l’expression de ma haute considération.

Docteur Mohamed Ghannem

Le docteur Mohamed Ghannem est cardiologue à Paris, Professeur des Univerités.